ROLAND FAVRE
PIANISTE


Roland Favre a étudié les musiques improvisées avec le pianiste Thierry Lang. Le compositeur Max Yendly lui enseigna les techniques de la composition et de l'arrangement.
Il cite ces deux professeurs en soulignant que leurs enseignements ont fixé une empreinte durable sur sa recherche musicale. Constituant en partie son inspiration de l'apport de disciplines théoriques, Roland Favre est subjugué par la lecture de « poétique de la rêverie », approche littéraire de l'imagination, par Gaston Bachelard. Le sentiment intuitif que les joies procurées par la contemplation et que le réel bien appréhendé sont source de poésie est confirmé par la position philosophique que soutient ce livre.

C'est sous l'impulsion de cette lecture, qui le conduit à façonner toute matière avec ressenti, que Roland Favre s'aventure dans la rénovation d'un piano défraichi, de marque Bechstein et daté de 1898. L'accompagne au long de cette aventure l'esprit de Claude Debussy, dont les compositions découlent directement de la sonorité des pianos Bechstein de cette époque. Regalbant le feutre des marteaux et ajustant les mécanismes, il apprécie l'entier de la physique de l'instrument, qu'il met à nu. Toutes les pièces de résonance entrent en jeu dans la subtilité du timbre, et il trouve l'accordage qui convient à cet instrument qu'il fait sien.
Cette expérience n'est pas anodine. Peu de musiciens conduisent leur intérêt pour l'instrument jusqu'au coeur de sa facture, et cet acte peut être interprété comme le symbole d'une quête symbiotique du musicien avec la matière sonore.
Pour pouvoir s'épanouir dans cette réalisation, il a installé le piano dans un atelier que se partagent des artistes. Dans ce lieu, une fenêtre s'ouvre sur l'art visuel, et les problématiques qui sont celles des peintres, sculpteurs, ou architectes, se mêlent à ses réflexions et intensifient la teinte de sa pensée musicale. Julien Aubert, artiste et musicien électronique, fait partie de l'équipe.

Auparavant, ils avaient déjà conduit ensemble de multiples expériences musicales. En voisins d'ateliers, il décident de mener le projet « Aubert Favre », jonction de leur entente musicale et d'intérêts poétiques partagés. Ce projet est voué à la musique atmosphérique, et ils y développent la possibilité de travailler en chaine sur un même instrument. Favre au Fender Rhodes, alimente la source, et Aubert traite le signal et forme des répétitions et textures. Roland Favre frotte ainsi sa démarche pianistique aux abrasifs tantôt saillants, tantôt polisseurs, propres à la musique électronique.

Ceci l'amène a repenser son jeu et à intervenir sur le timbre de l'instrument. En s'appuyant sur les découvertes occasionnées par la rénovation du Bechstein, il se met a intervenir directement sur la table d'harmonie du piano, au moyen de dispositifs électroniques, et par des interventions physiques. Ces nouvelles expériences se ramifient en un projet musical qu'il décide de mener avec Benoît Converset, contrebassiste installé au Canada. Les liens affectifs qui les unissent et les échanges à distance sont constitutifs de ce projet transatlantique. Leurs retrouvailles ponctuelles sont des occasions de dévoiler en concert, dans une intensité attendue, les fruits que la correspondance des deux musiciens a produits.


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